Le chef de choeur
Chantal Gauducheau
La nuit de Gounod (Le Noura 2009)
En 1960, Chantal sort de la fac à Angers, où elle chantait dans la Chorale Universitaire dirigée par Jean-Yves Hameline. Ayant fait un stage de direction de choeur 1er degré en juillet 1960, elle arrive aux Sables d'Olonne comme professeur de lettres classiques à l'Institution de jeunes filles Notre Dame de Bourgenay. Tout naturellement, elle est amenée à y diriger la chorale à voix égales dans un répertoire profane.
Membre du mouvement « A cœur Joie »,de César Geoffray, son premier maître, elle y suit des stages de Musique Renaissance, participe six fois aux Choralies de Vaison la Romaine, aux Choralies au Québec, et à « Europa Cantat » à Namur, Graz, et Autun.
En 1969, avec Nicole Chaussade, elle fonde aux Sables d'Olonne le chœur mixte d’adultes, Le Noura.
Depuis, toujours animée du désir de « conduire chacun sur le chemin de l’excellence », elle incite ses choristes à participer au développement choral de la région : forte de l’amitié d’Andrée Mammès, responsable de la Musique en Vendée, elle travaille avec des musiciens professionnels, le chœur Régional de l’Orchestre des Pays de la Loire, le chœur départemental de Vendée, et l’été, les musiciens de « Musiques dans l’Her » à Noirmoutier, avec qui elle noue une relation musicale durable, au-delà de la mort de son fondateur, Michel Martin, de l'Opéra de Paris.
Ainsi, depuis 1988, en alternance avec des œuvres plus courtes, elle entraîne le chœur chaque année dans au moins une grande œuvre du répertoire, laissant volontiers pour ces concerts la baguette à un chef d’orchestre invité.
Ouverte aux nouvelles expériences, les étés 2005/2006, elle apprécie le compagnonnage avec les comédiens de Jean Guichard aux « Rencontres Imaginaires du Prieuré Saint Nicolas »,et avec le chef de l’ensemble A sei Voci, Bernard Fabre-Garrus. 2008 la voit prendre à son tour la baguette pour diriger le Noura et un ensemble instrumental réunis dans la Cantate N°4 de J.S.Bach.
Depuis sa retraite de l'enseignement, elle se consacre à sa passion pour la musique et celle du patrimoine religieux. Mais en bonne enseignante, elle compose ses programmes avec un souci pédagogique qui fait le sel de sa présentation à nos concerts. Cet engagement lui a valu d'être décorée des Palmes Académiques. Distinction qui a fait la fierté du Noura !
SOUVENIRS DU CHEF DE CHOEUR
« Des cols de chemise ouverts jusqu'au très sérieux noeud pap, des mini-jupes, flatteuses pour des jambes juvéniles jusqu'à la longue tenue plus seyante pour des silhouettes légèrement modifiées par une maturité épanouie, bien des années se sont écoulées . Mais comme l'affirme Eluard dans son poème " Pour un anniversaire" :
" Je fête l'essentiel [...]
Rien n'est passé, la vie a des feuilles nouvelles
Les plus jeunes ruisseaux sortent dans l'herbe fraîche"
Bien des années , ponctuées par les très riches heures du Noura !
Car, au-delà des travaux et des jours, demeure, sans cesse renouvelé, l'émerveillement, depuis la toute première émotion de la polyphonie naissante jusqu'à ce sentiment de plénitude qui, après tant d'efforts consentis, vous envahit, et vous submerge, quand elle trouve, enfin, son accomplissement.
Le chant choral, pleinement vécu, est bien plus qu'un aimable passe-temps comme me l'ont révélé, très tôt, mes années d'apprentissage sous la baguette de chefs aussi divers que passionnants ( ce long passé de choriste permet de prendre la juste mesure des efforts demandés à ses troupes!). Il est partie intégrante d'une vie. On s'y découvre, on s'y révèle, on s'y façonne. Mais pas seul, car ainsi que le préconise Montaigne pour notre "cervelle" " il faut frotter et limer" sa voix avec celles d'autrui. Par delà nos différences, qui constituent notre richesse , c'est grâce à cette union, à cette fusion des voix, voire à cette communion - l'art n'est-il pas le plus court chemin d'un homme à un autre ? - qu'une partition, belle au bois dormant sans interprètes, devient musique.
Dans ces instants de grâce, rares, intenses , ineffables, inoubliables, c'est comme si une petite lucarne s'entrouvrait sur un monde inconnu, que l'on perçoit à peine, mais que l'on pressent radieux. Antique vision platonicienne, reprise et enluminée par César Geoffray dans cette page contemporaine que nous chantions naguère:
" Musique source pure et fraîche qui désaltère et qui guérit
Des sphères tu nous es venue comme un souffle de Dieu." »
Chantal Gauducheau
Illustrations :
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page de l'album-souvenir réalisé par le père de Chantal : Constant GAUDUCHEAU
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Extrait des croquis de Constant GAUDUCHEAU : Mouchamps, le berceau familial.